L’usufruit est un droit juridique particulier qui confère à une personne, appelée usufruitier, le droit d’utiliser un bien immobilier appartenant à un tiers tout en en percevant les revenus. Ce droit est très courant dans le cadre du démembrement de propriété, notamment lors de successions. Pour bien gérer ce statut, il est essentiel de connaître les droits et devoirs de l’usufruitier. Cet article détaille ces éléments afin d’éclairer les détenteurs ou futurs usufruitiers.
Qu’est-ce que l’usufruit en immobilier ?
L’usufruit immobilier désigne le droit de jouir d’un bien, comme si on en était propriétaire, mais sans en détenir la pleine propriété. L’usufruitier peut ainsi utiliser le bien (y habiter, par exemple) et/ou percevoir les fruits (comme des loyers), tandis que le nu-propriétaire conserve la propriété juridique du bien.
Ce droit est limité dans le temps : il peut être viager, prenant fin au décès de l’usufruitier, ou temporaire, fixé à une durée définie au départ. À la fin de l’usufruit, la pleine propriété revient automatiquement au nu-propriétaire.
Les droits de l’usufruitier

1. Droit d’usage et de jouissance
L’usufruitier a le droit d’occuper le bien ou de le louer pour en percevoir les revenus. Il peut aussi disposer du bien dans la limite d’une conservation de sa substance, c’est-à-dire qu’il ne peut pas le détruire ou le vendre.
2. Droit de percevoir les fruits du bien
L’usufruitier peut percevoir les loyers ou autres revenus générés par le bien. Par exemple, dans le cas d’un terrain agricole, il peut récolter les produits.
3. Droit d’administration
L’usufruitier a un pouvoir d’administration important sur le bien. Il doit assurer la gestion courante, prendre des décisions relatives à l’usage, aux réparations d’entretien et peut même, avec accord du nu-propriétaire, effectuer des améliorations sur le bien.
4. Droit de vote en assemblée de copropriété
Si le bien est situé en copropriété, l’usufruitier dispose du droit de vote en assemblée générale, ce qui lui permet de participer à la gestion collective de l’immeuble. En savoir plus sur ce sujet en suivant ce lien.
Les devoirs de l’usufruitier
1. Obligation d’entretien et de conservation
L’usufruitier doit entretenir le bien et le conserver en bon état, en effectuant les réparations courantes nécessaires (petits travaux, maintenance régulière). Il doit veiller à ne pas détériorer le bien pour préserver sa valeur.
2. Limitation des modifications importantes
Sans accord du nu-propriétaire, l’usufruitier ne peut pas réaliser de travaux importants modifiant la structure ou la substance du bien, sauf s’ils sont indispensables pour la conservation.
3. Responsabilité fiscale et charges
L’usufruitier est responsable des charges liées à l’usage du bien, comme les taxes d’habitation, les charges courantes de copropriété, les factures d’entretien et les impôts sur les revenus perçus (loyers). Le nu-propriétaire, lui, reste responsable des grosses réparations.
4. Obligation de restitution
À la fin de l’usufruit, l’usufruitier doit restituer le bien dans le bon état, en respectant les dispositions légales et en assurant qu’aucun dommage anormal n’ait été causé.
Particularités et précautions
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Usufruit temporaire ou viager : la durée conditionne certains droits et responsabilités. Un usufruit viager implique une gestion souvent plus prudente.
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Accord avec le nu-propriétaire : pour certains actes (travaux lourds, hypothèque du bien), l’usufruitier doit obtenir l’accord du nu-propriétaire.
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Fiscalité : l’usufruitier déclare les revenus générés par le bien et est imposé sur ces revenus, tandis que le nu-propriétaire est fiscalement reconnu propriétaire.
L’usufruitier bénéficie de droits étendus pour utiliser et tirer profit d’un bien immobilier, mais ceux-ci sont équilibrés par des devoirs importants visant à préserver le bien pour le nu-propriétaire. Comprendre ces droits et devoirs est essentiel pour exercer correctement l’usufruit, optimiser sa gestion et éviter les conflits entre usufruitier et nu-propriétaire.
En cas de doute ou de situation complexe, il est conseillé de consulter un professionnel du droit immobilier ou un notaire afin de clarifier les responsabilités et protéger au mieux les intérêts de chaque partie.
